« Il inventait ce qu’il faisait » dit de lui son arrière-petite-fille. Entre 1919 et 1939, ce cinéaste prolifique et trop mal connu s’est adonné à sa passion cinématographique : cinéma d’animation, dessins animés, films scientifiques, pédagogiques et technologiques, films de « propagande » et publicités avant l’heure.
Article publié le 03 mai 2023
Albert Mourlan est d’abord un peintre et un dessinateur de talent. Les premiers cinéastes d’animation sont tous des caricaturistes de presse et Albert Mourlan n’a pas échappé à cette règle.
En 1908, il rejoint L’Épatant, sous le pseudonyme d’Albert Lanmour, il réalise la couverture du premier numéro paru le 9 avril 1908 avec une bande dessinée « Les années de service de Théodore Tiroflan ». Puis, en 1911, il crée un nouveau personnage « Le Hoquet d’Hector Boyaux ». En 1912 et 1913 ses caricatures font l’objet de plusieurs couvertures. En 1914, la guerre éclate et Albert Mourlan passera deux ans sur le front de la Somme. Démobilisé, il reprend son activité de dessinateur pour L’Épatant ainsi que d’autres revues, ce jusqu’aux années 20.
Ci-dessous : couvertures réalisées par Albert Mourlan pour L’Épatant, célèbre hebdomadaire de bandes dessinées qui parut de 1908 à 1939.
En 1919, il achète une propriété à Montfermeil, rue de Livry (rue Paul Bert), sur laquelle il fait construire un studio de prises de vues. Il quitte L’Épatant et se consacre dorénavant au dessin animé. Son premier personnage, Potiron, jovial et tout en rondeur, à l’image de son créateur, apparaît sur les écrans en 1921. Il réalisera 4 films avec ce personnage. Les Américains apprécient. Ils lui achèteront ces films dont on perd ensuite définitivement la trace.
Il consacre ensuite l’année 1923 à une adaptation des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, « Gulliver chez les Lilliputiens », dans lequel il combine une animation de pantins en bois avec le jeu d’un acteur, Raymond Villette. Ce sera son chef-d’œuvre. Certaines scènes du film nécessitent que plusieurs pantins soient animés simultanément. Ce travail exténuant mit souvent à l’épreuve les nerfs du réalisateur et de l’artiste et Albert Mourlan n’hésite pas à se mettre luimême en scène. L’animation a été élaborée dans le studio de Montfermeil. Seuls quelques plans ont été filmés en plein air, la séquence du naufrage à Lorient et le départ du héros vers l’Angleterre à Fécamp.
C’est en 2006 que Véronique Mourlan, son arrière-petite-fille, découvre dans la cave de la maison familiale de Montfermeil, un intrigant amas de bobines 35 mm. Ces bobines étaient en nitrate de cellulose : le support originel de la pellicule cinéma, aussi appelé « film flamme » en raison de son extrême inflammabilité. Ce support nitrate a été interdit dès le début des années 50, quand il a été remplacé par d’autres moins dangereux. Les Archives françaises du film sont aujourd’hui les seules légalement habilitées à conserver le film nitrate. C’est donc dans leurs locaux de Bois d’Arcy qu’ont été restaurés et sont désormais conservés les films d’Albert Mourlan.
Retour sur quelques dates clés, lieux emblématiques et pionniers séquano-dyonisiens qui jouèrent les premiers rôles dans cette grande histoire du cinéma…