Rencontre avec Idriss, comédien et metteur en scène, aux origines du Son & Lumière en 1995. Un « saltimbanque » Montfermeillois à la carrière éclectique et bien remplie qui arpente plateaux de théâtre, de cinéma et de télévision depuis maintenant 50 ans !
Article publié le 20 janvier 2023
« Ne dites pas à mes parents que je suis comédien, ils pensent que je fais compta…», s’amuse Idriss Hamida à l’évocation de sa carrière. « J’ai commencé à faire des lectures poétiques à 13, 14 ans à la Maison des Jeunes d’Asnières, puis le cours de théâtre et première grande chance – j’en ai eu plusieurs – Jean Giraudoux m’engage à 20 ans pour partir en tournée dans sa pièce Amphitryon 38. En 1968, je partage l’affiche avec Jean Marais dans « Le Disciple du Diable » de G.B Shaw adapté par Jean Cocteau et enfin j’enchaine avec « Ne réveillez pas Madame » de Jean Anouilh avec François Périer mon idole à l’époque. C’était parti ! Les projets se sont enchaînés, les belles rencontres. Finalement, mes parents étaient heureux de me voir sur scène…
« Monsieur, on veut faire du théâtre ! On veut jouer le Cid, mais avec les costumes, les épées et tout…»
En 1985 c’est Pierre Bernard, le Maire de Montfermeil d’alors, qui m’appelle et me demande de concevoir un spectacle pour le centenaire de la mort de Victor Hugo. J’exhume une œuvre de jeunesse inédite « AQCHEB » (À quelque chose hasard est bon) qui a le grand mérite de reposer sur peu d’acteurs et d’entrer dans le budget (rires). À l’époque je n’avais encore jamais fait de mise en scène et j’ai adoré ça. C’est donc au Maire de la Ville que je le dois… Dix ans plus tard, en 1995, c’est Rosine Bellanger, l’adjointe chargée de la Culture et de la Politique de la Ville qui me sollicite pour créer un spectacle Son & Lumière sur l’histoire de Montfermeil. Cela a duré 6 ans puis j’ai passé la main pour partir en tournée jouer Volpone avec Francis Perrin. Fait marquant, en 1995 également, le Maire est interpellé par des jeunes gens des Bosquets qui, un peu à la blague, lui déclarent : « Monsieur, on veut faire du théâtre ! On veut jouer le Cid, mais avec les costumes, les épées et tout…».
Résultat, Pierre Bernard me demande de monter le spectacle et ce fut une très belle expérience. 15 mois de répétitions tout de même… Nous nous sommes tous (re)plongés dans le dictionnaire afin de « réapprendre » le français et rendre honneur à la langue de Corneille, en alexandrins s’il vous plaît… Ces jeunes ce sont passionnés pour le projet et lorsque la première a eu lieu en 1996 à la Salle des fêtes de Franceville il y avait foule ! Tous leurs copains (qui auparavant les moquaient gentiment) étaient là, les habitants, la presse, les politiques. Cette démarche de théâtre à visée « sociale » si on veut, avait atteint sa cible et trouvé un public. À tel point que le réalisateur Abdellatif Kechiche, qui avait vu le spectacle, s’en est inspiré pour son deuxième film « L’esquive » (Césars 2005 du Meilleur film, Meilleur réalisateur et Meilleur scénario), comme quoi…
Reprendre la mise en scène du Son & Lumière aujourd’hui,16 ans plus tard, est un vrai retour aux sources ! Retravailler avec des non-professionnels, être tous dans le désir et l’envie de Faire. Et faire rêver avec ce conte magnifique, au plus près de son esprit originel. »